[L'Economiste] : Qui va sauver RAM ?
L’exercice 2010 s’annonce difficile pour RAM
· La morosité risque de se poursuivre jusqu’en 2013
· Le chiffre d’affaires 2009, en baisse de 4,2%
· Un déficit de 850 millions de DH en 2009
Divorce coûteux avec Air Sénégal, grèves perlées des pilotes de ligne durant la saison estivale, impact significatif de la volatilité du prix du pétrole au niveau mondial et un open sky des plus défavorables… Royal Air Maroc aura connu tous les ingrédients d’un exercice périlleux en 2009. A tous ces éléments, s’ajoute une conjoncture morose dans l’aérien. Un environnement difficile qui risque de se poursuivre jusqu’en… 2013.
Pour faire face à cette situation, le Conseil d’administration de la compagnie, tenu le 2 mars sous la présidence de Driss Benhima, a pris une série de décisions: «report des investissements, maîtrise stricte des dépenses, amélioration de l’excellence opérationnelle, adaptation et renforcement du réseau ainsi qu’un gel volontaire et solidaire des salaires des cadres supérieurs…».
Par ailleurs, le Conseil de mardi dernier a passé en revue «tous les événements exceptionnels et les points saillants» qui ont marqué l’exercice précédent et analysé les perspectives de développement en 2010.
Dans ce contexte précis et au moment où les compagnies IATA ont accusé une baisse moyenne de 11% en 2009, RAM a pu quand même réaliser un chiffre d’affaires de 11,7 milliards de DH (soit une baisse de 4,2% par rapport à 2008).
Côté transport de passagers, là encore la compagnie nationale a accusé un recul de 3,4% en 2009. Ce qui est peu comparé à une baisse moyenne de 9% pour l’industrie internationale de l’aérien. L’an dernier, RAM a transporté 5,9 millions de passagers. Ainsi, son coefficient de remplissage s’est stabilisé à 66% par rapport à 2008. Autre fait marquant en 2009, le décalage de livraison de l’avion long-courrier (Boeing 787-Dreamliner) par le constructeur RAM qui ne se réalisera qu’en 2011.
Par ailleurs, la crise internationale et la conjugaison des événements précités ont eu un impact négatif sur les comptes du transporteur. En 2009, la compagnie a enregistré un déficit de 850 millions de DH. Ce qui représente, selon RAM, un ratio de pertes nettes sur nombre d’avions parmi les plus bas du secteur (1,50).
Pour l’année 2010, la conjoncture pousse à un optimisme modéré. Sur ce point précis, le CA a pris acte de «la poursuite attendue de la tendance baissière des tarifs» dans l’aérien. Le tout dans un contexte marqué par une concurrence exacerbée et une suroffre sur les principaux marchés de RAM. Du coup, le retour à l’équilibre ne sera éventuellement possible qu’à l’horizon 2013.
C’est d’ailleurs ce qui explique la décision, prise au dernier conseil d’administration, de négocier un contrat-programme avec l’Etat. Un contrat qui vise à faire accélérer le développement et les ambitions de la compagnie. A ce titre, l’ensemble des propositions exposées au CA seront présentées aux ministères concernés (Transport, Finances…) pour les décliner en orientations et modalités.
RAM Express officialisée
C’est officiel. Royal Air Maroc a sa filiale low-cost spécialisée dans le transport intérieur. Elle est baptisée RAM Express. La création de cette société fait l’objet du contrat-programme entre l’Etat et la RAM pour la période 2010-2013. Ce contrat qui vise le développement du transport aérien domestique a été signé, jeudi à Rabat, par Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport et Driss Benhima, PDG de RAM. Par ce contrat, l’Etat vise à soutenir le transport intérieur pour lui permettre d’accompagner la dynamique économique que connaît le pays, selon Mezouar. Ce soutien est matérialisé par une participation de 25% dans le capital de RAM Express, soit 300 millions de DH. Cela sera réalisé par un apport de 100 millions de DH par an.